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Manager de l'année, quel profil a le vent en poupe aujourd'hui ?

 

Jean-Jacques Cloquet est élu manager de l'année 2018 par les lecteurs du Trends pour sa gestion efficace de l’aéroport de Charleroi. Quelles facettes de sa personnalité et quelles compétences met-il en avant à cette occasion ? Le Trends l'a suivi le 31 décembre, une journée "presque" type avec un manager au top.

Dans cet article comme dans bon nombre d’autres interviews, l'accent est mis sur son humanité, sa proximité avec chaque employé à qui il "tape la bise", l'attachement à sa région carolo et la fierté de s'entourer de travailleurs installés aux alentours de Gosselies.

Le CDC Forem Business sait que les compétences relationnelles et les qualités de gestion d’équipe sont des indispensables d’aujourd’hui et certainement de demain pour manager efficacement. Nombreuses formations vous aident à développer ce potentiel, soyez curieux, consultez notre page.  

Dans cette veine, très prochainement, un cycle de conférences et une formation ayant trait à l'intelligence collective destinés aux personnes occupant déjà une fonction de gestion d'équipe seront annoncés... À suivre

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La génération Z, un réel impact sur le monde du travail ?

Le Centre de compétence Forem Management et commerce se veut toujours au plus près des enjeux qui se posent dans ses matières d’expertise – le management, le commerce, les ressources humaines et de façon transversale la pédagogie. Dans cet esprit, nous étions présents lors de la conférence d’Élodie Gentina sur la génération Z, celle des travailleurs et apprenants d’aujourd’hui et de demain.

Le 20 septembre dernier, à l’occasion d’une conférence organisée par le Forum Financier Mons-La Louvière, avec le soutien des Centres de compétence Hainaut Logistique et Management & Commerce, la chercheuse Élodie Gentinaa partagé avec l’auditoire ses recherches sur les travailleurs de demain. Quels défis posera la génération Z aux entreprises ? Au-delà des étiquettes diverses qui leur sont accolées, elle nous explique qui sont ces jeunes et comment comprendre leurs comportements.

É. Gentina ouvre son intervention par une confrontation des générations Y – natifs entre 1981 et 1995 – et Z – natifs après 1995 – en les ancrant chacune dans leur contexte sociétal afin de mieux percevoir en quoi et pourquoi elles se distinguent l’une de l’autre. D’une part, la génération Y a connu la crise économique, elle recherchera alors la sécurité et développera son individualisme ; cela se traduit par l’importance du CDI, du salaire, des diplômes, de l’autonomie, du win-win entre l’intérêt personnel et celui de l’entreprise. Elle amorce ainsi la remise en question de l’entreprise par rapport à la génération précédente qui se vouait à celle-ci.

D’autre part, la génération Z est elle marquée par la crise sociale, politique et identitaire née notamment suite aux montées des extrémismes (attentats, terrorisme, …). Elle se dirige alors vers de nouvelles ambitions et valeurs : solidarité et travail collaboratif, remise en question de l’école comme moyen d’apprentissage au profit de l’échange entre pairs et du réseau, peur de l’engagement et de la perte de liberté d’où le développement de nouvelles formes d’emploi telles les starts up, le freelance, l’« intraprenariat »…

            Dès lors, cette génération Z qui arrive ou va arriver sur le marché du travail se caractérise par un rapport à la société, aux autres dont à la famille, à la vie qui influence son rapport à l’entreprise et à la hiérarchie. À titre d’exemples, E. Gentina la qualifie de « première génération omnisciente », toute l’information est en effet à sa portée en un clic. Cela impacte le rapport à l’autorité, la crédibilité du supérieur n’est plus acquise d’emblée car il est celui qui sait mais se mérite dans les actions. Le manager est un professeur, un coach, il sait faire et le transmet. Au revoir le management pyramidal, bonjour les relations de proximité. Cela se traduit aussi physiquement avec le développement d’open spaces qui favorisent les dynamiques collaboratives.

Cette génération du numérique est celle de l’instantanéité également. La chercheuse y associe une tendance à ne pas prendre distance face à l’information, à peu se poser – or, comme elle le rappelle, l’ennui favorise la créativité  –, à se projeter difficilement dans le futur et donc à fuir l’engagement…

Elle souligne aussi l’importance du réseau, de la solidarité et du rapport à l’autre chez cette génération. Cela implique une dimension affective au travail. Si je suis passionné, si je vois le sens, je suis à fond dans mon travail. Collatéralement, ce goût du réseau va de pair avec le goût du travail en équipe. Cela pose par exemple question sur l’avenir des espaces de co-working, seulement 30% des jeunes interrogés par É. Gentina y reconnaissent un intérêt, les autres n’y retrouvent pas l’esprit d’équipe.

            L’experte, après avoir dressé le profil de cette jeunesse – à peine esquissé dans ce compte-rendu –, décline les enjeux de ce nouveau « mode d’être » en termes de management. Par exemple, le futur travailleur ne cherche pas un job à tout prix mais fait l’honneur de proposer ses talents à l’entreprise. L’enjeu pour cette dernière est d’attirer ces potentielles recrues Comment ? En proposant un job intéressant, utile, avec des missions évolutives. Dans ce contexte, la description de fonction est stratégique et doit être l’objet d’un travail attentif. Il importe aussi de travailler sur l’image de la boite, c’est là que par exemple la question de la responsabilité sociétale de l’entreprise entre en jeu. Il est possible d’établir un parallèle avec le monde du commerce. De plus en plus, les enseignes repensent leur accroche client, ils élaborent « l’expérience client » afin de capter et fidéliser le consommateur.

            Le bien-être est au cœur des préoccupations du travailleur avant même le salaire. L’entreprise souhaitée est un lieu d’épanouissement, apparaissent ainsi les salles de repos, salle de sport, la nourriture saine, … Des aménagements sont également appréciés pour favoriser l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle comme le télétravail. Sans être exhaustifs, citons enfin un dernier trait du « digital native », il attend d’un manager compétent qu’il soit un « e-manager ». De nouveaux modes de communication entrent dans la sphère professionnelle telle la messagerie instantanée.

            Bien sûr, ce portrait de la génération Z est une modélisation face à laquelle il faut garder un certain recul. En outre, beaucoup d’interrogés n’ont pas encore intégré le monde du travail, l’expérience amènera peut-être à revoir certaines considérations ou valeurs. Il est néanmoins indéniable que le profil et les attentes des travailleurs changent, mieux vaut en tenir compte dès aujourd’hui dans son management afin de continuer à recruter des talents motivés et fidèles.

            Cet article a éveillé votre curiosité, pour en savoir davantage sur la génération Z et les changements de management qu’elle induit, deux publications ainsi que de nombreux articles renseignés sur le site internet d’Élodie Gentina.

Élodie Gentina est professeur à l'IESEG School of Management, et titulaire d'un doctorat sur les spécificités des comportements de consommation de la génération Z.